Ma vie, son oeuvre
Ça commence par un enterrement, et ça finit par une mort, celle des illusions des personnages de ce beau roman. Celles d’Icare, l’auteur de Chasse vendu à des centaines de milliers d’exemplaires, adulé par la critique, encensé par le public ; celles du narrateur, marionnettiste pour enfants, réparateur de cycles, tout et rien à la fois, et surtout ombre de papier du grand homme. Entre les deux, la belle Sarah ordonne la vie et rythme leur déchéance, à petit feu. Icare écrit, biffe, reprend et n’en sort pas ; le monde ne veut plus de lui, mais lui, veut-il du monde ? Le narrateur, lui, récupère les brouillons, brouillonne, attend et ne fait rien de vrai, sinon vivre dans l’ombre de celui qui n’est déjà plus un grand homme. L’un mourra, mais l’autre y laissera sa vie.Dans ce subtil roman, Jacques-Pierre Amette revisite le mythe de l’écriture et explore les méandres de l’âme écrivante : on se délecte de la finesse de cette mise en abyme, qui ne nous surprend guère de la part d’un auteur si aguerri.