Le docteur Jivago c’est d’abord un tableau de la Russie éternelle à travers ses bouleversements.
Son immensité géographique est embrassée. La plus grande partie de l’action se situe à Moscou mais on se rend aussi en Galicie. Puis on découvre l’Oural. Le roman est rythmé par le passage des saisons et la nature est particulièrement célébrée. Pasternak se plaît également à décrire « l’âme russe ». Il célèbre la loquacité des Russes : à Varykino, Jivago et Strelnikov parlent des heures « comme seuls savent parler les Russes en Russie, comme parlaient en particulier les affolés et les angoissés, les enragés et les frénétiques que tous étaient alors ». On suit des personnages qui appartiennent à différentes couches sociales de la société russe. Mais le roman est surtout une chronique des événements politiques en Russie pendant la première moitié du XXe siècle, du passage de la Russie tsariste à l’ U.R.S.S. communiste, des années terribles de la Russie. Le docteur Jivago, c’est évidemment aussi un roman d’amour, où, autour d’une femme, tournent trois hommes, l’un qui l’a séduite et pervertie, un autre auquel elle se raccroche dans une volonté éperdue de rédemption, un troisième avec lequel elle connaît enfin l’amour, un amour cependant condamné. C’est un roman qui s’inscrit dans la tradition des grandes œuvres russes dont la lecture peut être un peu difficile pour qui n’est pas habitué aux consonances, aux diminutifs et aux noms composés des personnages russes. Mais c’est probablement l’un des plus beaux romans de la littérature russe, qui en compte pourtant beaucoup.

---