“Ils n’auraient jamais dû venir, les moines de Ganagobie et d’ailleurs. Ils n’auraient jamais dû venir ainsi se percher sur les hauteurs du village des Mées pour voir si les sept Sarrasines, les sept princesses Maures étaient aussi belles aussi séduisantes que ce que voulait bien en dire la rumeur. Ils n’auraient jamais dû venir pour humilier le Chevalier Rimbaud des Mées qui, lui, avait su séduire ces magnifiques créatures. Si seulement ils avaient su ce qui allait leur arriver…”
C’est ainsi que le vieux Grégoire, la mémoire du village aurait pu débuter son récit pour ces deux jeunes écoliers qui, se jour là, choisirent les joies de l’école buissonnière ; mais le vieux Grégoire n’était pas homme à donner des leçons. Voyageur du verbe, il avait le pouvoir de vous emporter loin, très loin dans ses histoires, avec la passion d’un confesseur de pucelle et la légèreté d’une hirondelle au début du printemps.
Ils sont arrivés un à un, au fil des mots, au gré des rues. Certain se sont imposés, d’entrée. Marcello, il est là, dès le départ et il prend toute la place, on dirait presque que c’est lui qui écrit le livre. D’ailleurs, il voudrait bien la garder sa place du premier qui est arrivé dans l’histoire. Mais au fil des pages et des chapitres, il va céder du terrain et pire même. Pour d’autres, ce fut plus doux, une chanson (merci les Ogres de Barback), ou plus loin, un voyage, au fin fond du Kurdistan turc.
Il y a aussi les mixtes ou les recomposés (au choix), ceux qui se sont construits à partir de sources diverses (c’est humain, me direz vous), et puis il y a ceux que l’auteur a modelés, sculptés, façonnés avec plein de patience (de tendresse ?) pour qu’ils ressemblent enfin à ce qu’il voulait.
Mais, discutez en avec Marcello. Il a des idées bien arrêtées sur l’identité et le devenir des personnages de roman. Une véritable mise en abîme…
Ne nous y trompons pas, le personnage central reste Marseille. La ville est sale, puante, provocante, pleine de vie, de fantasmes et de joie. Marseille est rebelle, mais en ce début des années 2000, elle amorce sa métamorphose vers une ville plus moderne, accompagnée de cortèges d’espoirs et d’inquiétudes.
